J’ai oublié le courage d’être moi. Juste moi. Au-delà du rôle, au-delà de la tâche.
Maintenant que les « je dois » se font moins insistants, je me coince les pieds et le cœur avec ce sentiment d’insignifiance qui me dissout et m’obsède.
Aujourd’hui, l’hiver s’est installé sur ce vendredi comme l’on prend délibérément place sur un divan si confortable que la seule perspective de s’y échoir induit un bonheur certain. Soyeux, douillet, tranquille, paisible, accompli. Fier et entier. L’hiver, et mon bonheur aussi.
Les accomplissements des grands agendas garnis pâlissent devant la candeur de ce moment présent. Sa simplicité balaie sans rancune ni culpabilité toutes les a priori obligations. Un espace, un temps, une connexion : une puissante trilogie. Inébranlable.
L’inspiration se trace différemment d’un instant à l’autre. Aucune frontière, aucune importance. La lumière qu’elle diffuse demeure sa plus riche douceur. Libre, assumée, incarnée dans cet instant unique. Oui, libre d’étaler ses couleurs, ses saveurs, ses images, sa grâce, sans pression d’un résultat quelconque. Parce que le résultat est déjà manifeste, bien avant la toute première ligne dessinée, bien avant le tout premier mot tracé.
Bien que le jour s’essouffle à l’horizon, la douce neige poursuit l’étalement de sa blancheur et de sa paix. J’en viens à aimer son froid parce qu’il est franc et nécessaire au spectacle. Il accentue avantageusement le contraste savoureux de mon chocolat tout chaud. Bonheurs multiples.
Tous ces plaisirs sont faciles, disponibles, quasi sommaires. Et pourtant, unis l’un à l’autre, enlacés les uns aux autres, composent la symphonie grandiose et heureuse de cet instant que je souhaite interminable.
Il n’y a pas que « faire » qui nourrit. « Être aussi ».
M