Aujourd’hui, je rencontrais un médecin interniste auquel l’oncologue qui suit mon dossier m’a référé pour avoir son opinion sur ma condition. Selon le scan que j’ai passé, il y a de l’activité anormale au niveau de ma glande thyroïde.
Cette rencontre s’est révélée profondément humaine. Au rendez-vous, il y avait mon état de santé sur papiers et aussi un médecin allumé, capable de compassion, même durant cette courte rencontre de 15 minutes. Sa capacité à recadrer la « réalité » du covid, les examens inutiles pour protéger les médecins d’éventuelles poursuites, l’importance d’affirmer mes choix malgré qu’ils soient à contre-courant, m’a insufflé une vague puissante d’espoir et de validation inespérée.
Bien qu’au départ je ne comprenais pas vraiment l’utilité de cette rencontre, j’en suis ressortie avec une conviction féroce d’être à LA bonne place au parfait moment. D’avoir reçu ce dont j’avais le plus besoin : la confirmation du droit d’être moi.
Je suis rentrée chez-moi le cœur à la fête malgré le sombre portrait médical.
J’ai célébré ma vie avec un verre de jus de céleri, citron, lime, rhubarbe et gingembre. J’étais résolue à inonder les cellules de mon corps d’une vie que j’ai retenue depuis tellement longtemps que seule mon âme saurait en débusquer l’origine.
Aimer au prix de s’abandonner. Vivre sans déploiement. Respirer sans envergure. Oser sans explosion.
Alors que je pourrais être en train de pleurer ma vie, je la célèbre. Parce que c’est à son tour d’avoir priorité. Parce que c’est à son tour de prendre TOUTE la place. Sans réserve, sans condition, sans aucune restriction.
Ma vie qui reprend sa place dans mon corps sera ma plus grande création. Ma vie qui envahit chaque millimètre d’expériences et de présent. La révolution est lancée.
Quelque part en mars dernier, alors que je quittais ma maison pour l’urgence, j’ai dit : « Le train est parti. » Je le savais déjà que c’était une aventure qui allait m’amener vers un ailleurs inconnu. Absolu. Je savais juste pas à quel point.
M