Le discernement - encore légal ET légitime - perspectives.zone - Manon Castonguay

Discernement: encore légal ET légitime

Le corps médical est gangrené par l’envoûtement psychotique face à l’expertise. Nous nous sommes dépossédés de notre propre santé. En remettre l’entière responsabilité à un tiers qui est formé pour concentrer son regard sur SA spécialité nous est servi comme une évidence indiscutable où le spécialiste, n’hésitera pas à nous percevoir en pièces détachées, sans égard à la globalité de l’être humain. “Ah! Ça c’est le rôle d’un médecin de famille.” Tant pis si j’en ai pas.

Assurément, quelqu’un qui a étudié autant d’années qu’un médecin doit avoir su développer et mettre en valeur une certaine crédibilité. L’erreur de leur accorder notre confiance d’emblée sans possibilité de questionner ou de même remettre en question leur angle de perception se révèle souvent regrettable. 

Un fait ou une opinion?

La connaissance brute est une chose. Les faits sont les faits. Par contre, une opinion médicale est souvent ça, une opinion. Elle nous est servie comme une vérité absolue, immuable, et tenter de la questionner devient un affront direct à l’égo trop souvent surdimensionné de ces dits spécialistes.

Je reproche férocement à cette présomption de vérité d’être faussement enrobée de connaissances médicales, certes pointues, mais pourtant partielles. 

Comment accorder de la crédibilité à un argumentaire fondé essentiellement sur la manipulation et l’abus d’une position d’autorité? Comment faire confiance quand le seul appui d’un dire est “parce que je vous le dis”?

C’est pourtant ce qui m’est arrivé.

L’effet papillon en accéléré

Première rencontre avec un oncologue. Après les présentations masquées d’usage, arnaque covidieuse toujours en cours, la première question: “Êtes-vous vaccinée contre la covid-19?”

Et bien la réponse était non. Est et sera toujours non. Bien à l’abri de mes postillons derrière nos masques respectifs, à plus de 2 mètres de distance, derrière son bureau, bien adossé dans sa confortable chaise, il me lance: ”C’est très important pour vous d’être vaccinée, surtout avec un diagnostic de cancer.” Fin de l’argumentaire. Je te sers la peur froide et nue, bon appétit!  J’ai laissé la chance au silence de voir éclore une suite plus étoffée, mais elle n’est jamais venue. La plaidoirie lui semblait être complète.

Après lui avoir dit que je n’étais pas intéressée et que ce n’était pas du tout dans mes intentions de reconsidérer ma position, il me lance, avec l’argumentaire puissant d’un bas de gamme notoire: “Si vous et votre conjoint étaient vaccinés, j’accepterais exceptionnellement qu’il vous accompagne lors de vos rendez-vous avec moi.” 

Me voilà sidérée. Bouche bée. Pis en beau tabarnak. Mais il n’en sait rien, masque en renfort. J’ai peine à croire ce que je viens d’entendre! Est-ce qu’un oncologue réputé serait en train de me manipuler pour que j’accepte la vaccination sous couvert de faveur? Je n’en crois pas mes oreilles! Qu’il me connaît mal ce déculotté effronté! Aucun fait à l’appui, aucune donnée pour appuyer le fait que ce vaccin soit SI important pour moi! 

En fait, ce qu’il est en train de me dire, c’est que ma vaccination est importante pour LUI! Mais si tu savais comment je m’en kâlisse de ce que toi tu veux, parfait inconnu que je viens de rencontrer depuis 5 minutes et qui tente une approche de taré déficient pour me convaincre de quelque chose que je refuse catégoriquement!

Et c’est entre les mains de cet homme que je suis sensée me sentir confiante et en sécurité? C’est bien lui qui est supposé m’accompagner sur le chemin de la guérison? Calvaire que je suis mal barrée!

Non mais c’est-tu moi qui ai le pompon “détimé” avec mon angoisse de crever trop tôt et qui soudainement a le jugement défaillant?  C’est-tu moi qui a un bouchon bien ancré dans le raisonnement et qui rate une belle occasion de me remettre les yeux devant les trous? C’est-tu moi qui est aveuglée par la peur et l’angoisse au point d’avoir une carence éhontée de gros bon sens? 

Je ressens un niveau de colère exponentiellement néfaste pour le peu de santé mentale à ma disposition à ce moment-là. Mais quelle game jour-t-il avec cet air vicié de condescendant? Sur quel piédestal croit-il être si confortablement vissé pour tenter une manœuvre charlatanesque semblable? À qui croit-il s’adresser pour proposer un discours si insipide et malhonnête? Quand le crétinisme est passé, il a raflé tout l’inventaire disponible! Il s’auto-gave de médiocrité sans gêne ni retenue. Oh Grand Maître, veuillez éclairer cette pauvre et ténébreuse cancéreuse de toute urgence! Tabarnak de sans dessein.

Un visage masqué est dénué d’une partie majeure de son expression. Le ton monocorde glacial de ma voix et mon regard meurtrier ont certainement comblé avantageusement ce vide. Je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit: “Je vais venir toute seule.”, lui crachant en pleine face son hameçon lancé à contre-courant.

J’aurais voulu lui vomir tout mon dégoût et mon mépris sur son bureau immaculé. J’ai rarement éprouvé autant de haine et de répugnance pour un autre humain. En fait, j’ai aucun autre souvenir tel. Pourtant, des crottés, j’en ai côtoyé beaucoup dans ma vie. Là j’étais à l’apogée de la bassesse. Un OUACH olympique.

Et c’est comme ça qu’allait débuter cette relation vouée d’emblée à l’échec. 

Dans ce moment de ma vie où j’atteignais un niveau de vulnérabilité dangereux, à un moment où l’inconnu était la norme incontournable et où l’espoir était extrêmement fragile, il y a un déshumanisé de la maladie qui s’est ravie du plat de sang et s’en est délecté abondamment sans aucune gêne. Lamentable. Répugnant. Médiocre.

Le pouvoir de la colère

La guerrière que je pouvais être était affaiblie, mais cette surdose de colère a ravivé ma soif de vivre, mon désir de vivre selon mes propres standards, mes propres critères. Peu importe ce que l’éminent spécialiste pouvait penser.

J’étais toute seule au front. J’allais devoir suffire.