Mai. ENFIN!!
Le prélude
Un beau vendredi après-midi, généreusement ensoleillé en plus. Le tout premier de mai.
J’avais réservé depuis quelques semaines 2 billets pour aller voir l’événement L’horizon de Khéops au Vieux-Port à Montréal.
Mon conjoint ADORE tout ce qui touche l’Égypte. Je me suis dit que ce serait une belle surprise pour lui en attendant de voir tout ça en vrai.
Nous voilà rendus à destination, un peu d’avance. Juste assez de temps pour s’infuser de ce précieux soleil doublé d’une douce brise de vrai printemps. Oui, mai, ENFIN!
J’avais littéralement l’impression de voler du temps à la vie. Le vendredi après-midi, habituellement, c’est le travail pour nous 2. Là, dans un décor de film, enrobés d’une température parfaite, du temps pour flâner le bonheur d’être ensemble: si nous n’étions pas des voleurs, nous étions des emprunteurs gourmands!
L’heure de l’événement s’approchant, nous nous sommes extraits de cette pause paisible et déplacés vers s’entrée principale sur la rue du Quai King-Edward.
L’événement lui-même
L’horizon de Khéops est en fait un parcours d’une durée de 25 minutes environ en réalité virtuelle, où nous sommes accompagnés par un avatar-guide pour découvrir Khéops et ses secrets.
Après avoir réservé les billets, j’avais lu quelques commentaires, tous très élogieux MAIS qui mentionnaient aussi TOUS la possibilité d’avoir le vertige…
Oh…
Moi, dans la vie, je ne suis PAS une fan de manèges. Un jour, alors que nous étions en voyage à Universal Studio en Californie, j’avais décidé d’être brave et forte et de faire les manège avec ma famille. Mes enfants trouvaient ça ben drôle que je file mal alors qu’eux avaient un plaisir FOU! Je me rappelle avoir fait le long parcours Harry Potter les yeux fermés TOUT LE LONG parce que j’avais compris après un gros 5 secondes que j’allais me vomir les tripes sinon.
Alors voilà, j’appréhendais UN PEU mon expérience virtuelle de Khéops…
Pour faire le parcours, chaque participant d’un groupe (nous, un gros groupe de 2!) devait choisir un nom d’avatar pour que nos casques soient programmés ensemble et que nous puissions nous voir durant le trajet. Je me disais: « Ah, c’est bon ça, ça va au moins nous faire un point de repère! » …jusqu’à ce que j’ajuste le casque sur ma tête!!
En un instant, tous mes sensors réguliers sont devenus déficients! Zip! NADA! SYSTÈME D’AJUSTEMENT SPACIO-TEMPOREL INOPÉRANT.
Là, j’essaie de me parler en me disant: « Manon! Relaxe! Tout ça est faux! Y’en n’a pas de sentier avec des roches en suspend à des centaines de pieds dans les airs pour te rendre à l’entrée de la pyramide! »🫣
« Relaxe! Il ne vente pas pour vrai, tu ne vas pas t’échoir la carcasse dans le trou! T’es pas dans les airs pour vrai! »😳
Le mental, c’est puissant, je le sais, mais cibole, mes yeux, mes oreilles et ma peau me renvoyaient TOUS des signaux d’alarme pour m’aviser de dangers multiples imminents!
Mon conjoint avait choisi le nom de notre défunt chat Kata pour son avatar parce qu’en Égypte, ils adorent les chats. Laisse-moi te dire que j’avais une fixation maniaque à rester à côté de Kata toi!! 😩
C’est quoi la réalité déjà?
Live, juste là, c’était une féroce bataille entre mon système nerveux complètement bousillé ET mon mental qui savait sans jamais oublier que tout ça n’était qu’illusion.
Ce combat mobilisait et engouffrait une quantité gigantesque de ressources physiques, psychologique et émotionnelle. Autant c’était extraordinaire, autant c’était terrifiant, autant c’était époustouflant!
Khéops, tu es géniale!
Et là, quelque chose d’absolument MAGIQUE s’est produit.
Mon conjoint aussi a de la misère avec le vertige. Le temps où il pouvait marcher sur la pointe d’un toit d’une maison à 2 étages pour aller ajuster l’antenne de télévision semblait un improbable vestige de vie antérieure. Se promener sur un tapis de roches volantes à quelques centaines de pieds du « sol » représentait à lui seul son lot de bémols sur son rêve d’Égypte.
Par réflexe, je suppose, il a cherché ma main. Pour se solidifier? Se rassurer? Faudrait que je lui demande..
En une fraction de seconde, pour moi, POUFFF! Ça été une perfusion de paix INSTANTANÉE. Le combat qui me surchauffait le disque dur et la mémoire vive devenait tout à coup beaucoup moins accaparant. Je sentais que mes ressources d’énergie étaient moins sollicitées. J’étais capable de me détacher des 2 points de vue et de juste m’imprégner du contact de nos mains et de tout le calme, tout le bonheur heureux qui m’enveloppait.
J’ai toujours ressenti un doux plaisir à sentir sa main chercher la mienne quand on se déplace ensemble d’un point A au point B ou juste quand on se tient l’un à côté de l’autre. Jamais je n’avais ressenti aussi abondamment cet effet unifiant et sécurisant de sérénité pure. Magie exponentielle.
Au coeur de cette expérience fascinante, je prenais conscience, pour la toute première fois, comment nos mains unies sont concrètement puissantes. 38 ans d’ancrage et de renforcement, c’est du robuste.
Système de navigation intégré
Un moment donné durant le parcours, le décor suggérait qu’on devait se pencher pour traverser un tunnel. Et là le combat a repris de plus belle: « T’as pas besoin de te pencher pentoute! Marche normalement, tu vas passer pareil! »
Et là BAAANG! Mon cerveau a buggé! Automatiquement, je me suis penchée pour passer dans le tunnel! Comme si j’étais téléguidée! Comme si la position Debout était non-disponible dans le catalogue de posture à ce moment précis! Possédée! Littérallement!!
J’ai eu une p’tite pensée pour les employés de la place qui nous voyaient agir comme des robots, soumis à des illusions qui n’existaient pas mais qui pourtant prenaient possession complètement de nous!
Et évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher d’extrapoler tout ça à la Vie, où tout aussi n’est qu’illusion, et j’ai eu un p’tit sourire complice en me disant: « Tu en gaspilles de l’énergie pour rien hein?! »
Une p’tite dose de claustrophobie
En plus du vertige initial, me voilà donc confrontée, au bout de ce fameux tunnel, à un élan de claustrophobie.
Nous étions dans l’un des tombeaux dont j’ai malheureusement oublié le nom. L’avatar-guide expliquait comment les plafonds étaient faits d’énormes pierres de plusieurs tonnes chacun. Même si le plafond était haut et que la salle était de bonne dimension, je ressentais tout à coup l’effet du « je suis sous un tas de roche sans issue facilement accessible! »
Une vague de panique m’a ramassée en pleine face en une fraction de seconde. Le scénario catastrophe que je venais d’édifier derrière mes yeux séquestrés par cette virtuelle réalité a pris TOUTE la place dans mon expérience.
En une autre fraction de seconde, j’ai serré la main de Kata. Ma seule issue. Et la vague s’est muée en une simple plaque d’eau quelconque. Situation d’urgence désactivée.
Et c’est déjà terminé
J’ai fini le parcours avec une petite nausée mais jamais je n’ai fermé les yeux ni enlevé mon casque.
J’ai vécu cette superposition d’expériences d’émerveillement et de découvertes le coeur heureux et en paix, ravie d’être témoin de vestiges prodigieux à L’horizon de Khéops.
Ma plus grandiose révélation a pourtant été l’ampleur insoupçonnée d’un geste quasi banal que j’ai répété des milliers de fois sans jamais en saisir son essence d’exception.
Merci Khéops. Merci Kata.