Je suis née en choisissant un autre chemin que celui sur lequel j’étais attendue, celui sur lequel on m’attendait. Parce que j’avais pris une décision, parce que c’était le meilleur choix pour moi. J’étais dans le ventre de ma mère et déjà, je savais que la meilleure personne pour choisir pour moi, c’est moi.
J’en suis, juste là, à parcourir ma 6e décennie et rien n’a changé. Quand une décision crucial doit être prise, je sais sur qui compter. Moi.
Ce réflexe, connaissance ou sagesse, n’est pas issu de la prétention ou de l’égoïsme. J’ai cette certitude infinie que la vérité, ma vérité, celle qui m’anime et qui m’amène bien au-delà de moi-même, existe, vit et s’exprime en moi. Mystérieusement, discrètement, et plus puissante que toute influence que je rencontre ou subi. Je considère cette état de chose comme une force qui me caractérise intimement.
Plus souvent qu’il n’aurait fallu, sur mon parcours, j’ai été perçue comme étant rebelle. La fréquence et la persistance de cette perception s’est mutée en identité. Oui, c’est vrai, je ne reconnais pas d’office l’autorité légitime. Il y a un compas plus précis et plus franc qui me guide.
En endossant fièrement cette identité de rebelle, j’ai souvent choisi le chemin le moins fréquenté parce qu’une vraie rebelle, ça ne suit pas le troupeau. Ça fait son chemin. Seule.
Et voilà qu’aujourd’hui, le poids de cette rebelle devient lourd. Et surtout fausse.
Je n’ai jamais été en révolte contre l’autorité. Je ne suis pas docile pour autant. Mon respect et ma confiance ne se gagnent pas d’emblée avec un titre. Mère, père, professeur, superviseur, patron, et le plus frais sur ma liste, médecin, toutes spécialités confondues, rien n’est joué ni gagné avec moi. Pas de passe gratuite.
Mes évidences se sont souvent confrontées à la versatilité de l’amour. À son caractère instable, incertain, inconstant. Même si l’amour devenait tout-à-coup conditionnel, j’osais ma vérité, sans compromis. Elle est restée ma boussole, mon étoile polaire, par choix conscient.
Par les choix que j’ai faits au fil du temps et des espaces, j’ai perdu l’aide, la compréhension, la complicité et l’appui de plusieurs autres. J’ai mis ça sur le dos de la rebelle. J’en ai ri même.
Et pourtant, pendant tout ce temps, je ne faisais qu’obéir à la plus saine autorité qui soit, ma propre vérité.
Malgré l’inconnu, l’incertitude, l’insécurité, et même la peur, je choisis d’honorer la plus précieuse, la plus vivante, la plus solide partie de moi. J’accepte de perdre le respect de certains, de perdre ma crédibilité auprès d’autres, j’accepte même la possibilité de ne pas faire le bon choix.
Je renoncerai jamais à aller au bout de moi-même. Parce qu’à chaque fois que j’y suis allée, c’était le meilleur choix pour moi. Ça va pas changer. Lymphome ou pas.
Il y a un pouvoir gigantesque dans la reconnaissance de soi-même et dans l’expression. Healing time.
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