Elle est débarquée d’un quelque part d’où personne ne devrait arriver.
Blessée dans ses chairs les plus profondes, les plus intimes, elle avait la survie comme seule alliée.
Défaite d’avoir été abandonnée dès son arrivée dans ce monde, elle n’a jamais appris à faire confiance. Ni à être aimée pour qui elle est.
Elle a dû se maquiller pour devenir une autre, étrangère à elle-même.
Et un de ces jours, elle a voulu mourir. Tellement trop tôt. Mais comment vit-on sans se savoir aimée?
Mon seul désir était de l’envelopper d’espoir pour lui permettre de naître pour de vrai un jour. De naître aimée, ne serait-ce que dans mon regard. Mais comment rejoint-on quelqu’un qui s’est perdu depuis toujours?
Vivre est ultimement un choix. Le choix que j’ai dû lui consentir. Un lâcher-prise dangereusement insupportable.
Je me reconnais dans sa rebelleté. Dans sa fougue de vivre mortellement. Dans sa détresse de mourir expressément.
À une intersection fragile et puissante à la fois, une tendre affection est née. Une amitié hybride. Audacieuse.
Et c’est plus tard que j’allais comprendre que nous aurions le même défi: défier la mort et le sens donné à tout plein d’événements et de circonstances. Vivre malgré toutes les probabilités désavantageuses.
Vivre par choix. Par choix de refaire l’histoire et de la resignifier autrement. Basée sur nos zones de génie uniques. Enthousiasmées d’expression, elle artistique, moi par l’écriture. À la jonction de l’amie et de la soeur, aux frontières du dépassement et de l’accomplissement.
Elle croit en ma guérison et je crois en la sienne. Comme je crois en sa lumière et qu’elle croit en la mienne.
Amies improbables. Soeurs d’âme. Parce que c’est dans le plus laid qu’on est retrouvées. C’est dans la complicité farouche qu’on osera peut-être découvrir les plus riches versions de nous-mêmes.
M