Je regarde tes yeux vidés de toutes ces images que tu ne reçois plus. Je vois la vie se soustraire de ton corps un peu plus chaque jour. Te lever t’est maintenant difficile sans aide. Tu as besoin d’assistance pour descendre les marches. Ton appétit s’amoindrit, tant pour la nourriture que pour la vie tout court.
Les années ont aspiré ta fougue et ta folie. Ta vivacité, ton énergie et ta soif d’aventures ont fait place à ta tendre sagesse et cette touchante quête de proximité. Les années installent sans réserve et sans gêne le tout dernier chapitre de notre aventure partagée.
Il y a 15 ans, presque 16 maintenant, j’ai choisi de dire oui à tous les défis et aussi tous les cadeaux de ta présence dans mon quotidien. Je savais bien qu’un jour, beaucoup trop tôt, tu devrais partir. Je savais juste pas que ça viendrait si vite…
De toutes ces années, je n’ai manqué que quelques semaines. Partout où je regarde, partout où je pense, partout où j’aime, tu es là. Toujours.
Mais là, t’arrêtes pas de partir. Tu t’étends dans ton sommeil de plus en plus longuement. Tu te pratiques déjà à ne plus être avec nous. Tu essaies peut-être de m’habituer tranquillement à ton absence…
Je n’arrive même pas à m’imaginer comment ça se peut mon existence sans toi. J’arrive mal à me faire à l’idée que tu t’en iras bientôt pour ne plus revenir jamais… Ce vide à venir me lacère le coeur déjà.
Tu sais, j’ai peur de ma vie sans toi. J’ai complètement oublié à quoi elle ressemblait. Et je voudrais tellement ne jamais avoir à m’en rappeler…
Tu es l’une de ces âmes qui aura gravé ma vie profondément. Si précieusement…
Merci d’avoir choisi de marcher un p’tit peu plus longtemps avec moi. Ma gratitude est infinie, encore plus que ma peine de devoir bientôt te dire aurevoir. Merci pour toi, pour nous deux, pour tout ce que nous avons su être et ce que nous deviendront, riches de s’aimer si fort.
De l’autre côté de ton absence qui s’amènera trop malgré moi, j’espère qu’un jour on se retrouvera. J’espère qu’on saura se rappeler et qu’on pourra s’aimer encore. Toujours.
Je m’accroche à cette folle possibilité d’écrire avec toi, quelque part entre ici et ailleurs, un tout nouveau tome intitulé Le retour des Chanceux.
M